7. Le charisme populiste

Publié le par Amélie Dalmazzo

Alexandre Dorna définit enfin le « charisme populiste », phénomène moderne dont Bernard Tapie constituerait l'archétype. Le principe du populisme repose sur le sentiment, ressentit par le peuple, d'une proximité (réelle ou illusoire) avec son leader. En effet, le populisme parle à chaque classe sociale sans en stigmatiser aucune. Il a recours à une « idéologie transversale qui touche toutes les couches de la population »[1].


Il installe une « communication horizontale » et non plus verticale. C'est « un type affectif de relations politiques, une orientation pragmatique, qui se matérialise dans un mouvement de masse trans-classiste, incarné dans un personnage charismatique qui domine et tire les ficelles du pouvoir »[2]. Le leader populiste veut être la voix du peuple. Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il bannit la langue de bois pour toujours se montrer sincère, et s'il peut changer d'opinion (au gré des faveurs qu'ils souhaite s'attirer), c'est toujours avec la même sincérité (feinte ou réelle) qu'il la défend. « L'attitude du leader populiste est celle du grand frère proche qui cherche un contact direct et le dialogue avec tout le monde »[3].



Son naturel lui vient de ce qu'il est généralement un « self-made man [...], quelqu'un qui émerge (apparemment) de nulle part, sans appareil structuré ni doctrine élaborée »[4]. Le leader populiste interpelle le pouvoir en place par la contestation, la revendication, mais jamais dans une volonté révolutionnaire. Il utilise le discours de deux façons : « comme une demande de délégitimisation du pouvoir en place (afin de proposer un nouveau pouvoir) ou comme un moyen de légitimation d'une partie de l'échiquier politique »[5].

      


Ce type de charisme intéresse notre propos en ce qu'il révèle, plus que les autres formes de charisme, l'existence d'un lien affectif entre la communauté et le leader, voire même d'une certaine identification de celle-ci à l'image du leader. Cette observation demeure selon nous capitale : elle révèle que toute forme de charisme procède d'une relation, d'une interaction bien particulière dans laquelle le leader se donne comme un support identificatoire pour les récepteurs. Nous en dérivons donc que le charisme se pose toujours comme un miroir pour les publics, permettant à la collectivité mais aussi à chaque individualité qui la compose de s'y reconnaître. Cependant, s'il est question de miroir et de ressemblance, nous montrerons que les figures charismatiques se donnent aussi toujours comme un reflet idéal de nous-mêmes : elles réveillent nos désirs enfouis d'absolu et d'idéal bien plus qu'elles ne nous révèlent à notre entière réalité.

[1] A. Dorna.- Le leader Charismatique.- Paris, Desclée de Brouwer, 1998.   p. 77.

[2] Ibid.,  p. 72-73.

[3] Ibid., p. 76.

[4] Ibid., p. 74.

[5] Ibid., p. 77.

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